Article paru le 20 décembre 2024 dans Libération par Jérémy Piette

Le musée parisien consacre une exposition en forme de cabinet de curiosités à l’artiste de 61 ans, qui mêle transition de genre, animaux sauvages et «larmes réparatrices» dans des dessins aux traits délicats.

«Je ne suis pas là pour prendre une revanche. Ce qui m’anime moi, c’est la vie. Je suis là et j’ai le droit d’être là.» Ce sont les mots puissants, pacifiques, que l’on gardera peut-être le plus en tête de notre discussion avec Edi Dubien, artiste de 61 ans tourné vers la lumière, allure rockabilly ascendant motard et adepte du clin d’œil pour ne pas que miroite trop longtemps cette pointe de spleen logée au fond d’un regard qui a beaucoup pleuré. C’est lui-même qui le dit. Cet homme trans que l’on a découvert chez son galeriste attitré Alain Gutharc en 2020 dessine, peint, sculpte depuis des années maintenant pour ne pas dire des décennies, des animaux, des végétaux et jeunes garçons unis et réunis, voire entremêlés dans une certaine paix, une alliance pour une fois, un flirt débouchant sur une réconciliation interespèce à laquelle on ne croyait plus. (…)